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Ismène hallucinogène
"La fumée dans les yeux,
un éléphant me regarde
J'ai la tête qui part… "

Antoine




Est-ce la jungle dans le haut de tourne ville ?
Mille canes et canards aux plumes hagards aux ailes bizarres
Se ruent dans la petite rue des fumeurs de profondeur
Ils portent de sages images de trois rois mages en attelage

Mais moi je ne suis pas là
Ma vue n'est plus à moi
Mes yeux ne les voient pas
Ma lucarne est pleine
De la douce chair de ma chère Ismène


Ils brûlent ces emblèmes
Veulent d'autres icônes
Ces vieux dieux sont trop blêmes
Ils prônent de nouveaux dômes
Cherchent l'idole suprême
À qui caqueter leurs psaumes païens

Sortant des bois au pas d'oie des oiseaux lourds d'eau défilent
Les manchots au jabot rougeaud sans phare filent hors la mare
Des siffleurs sortent de leur hangars sans égard
Et s'égarent l'air moqueur
Plein de zèle fervents fidèles

Tous toussent
S'ébattent des ailes
Nagent sous la plage
Des aisselles d'une belle sarcelle
Nuage au plumage sans âge
Au pucelage d'usage
Aspirant au mariage

Mais moi je ne suis pas là
Ma vue à moi n'a d'yeux
Que pour les seins soyeux
De ma sainte Ismène
De ma saine Ismène


Pervers eiders colverts sévères les viles volatiles des îles
Sans foi sans poids sans toit font la loi sans crier gare
Ni tambour ni clairon
Tels les cygnes ils trompettent de fureur
Sans calembour ni caleçon
Trois sottes aigrettes sur une bigote
Sont signes du malheur
La rage de leurs orages sauvages
Ravage tout sur leur passage
Villes et parages

Paysage de désespoir
Un soir de gloire
Pour ces fins becs anthropophages

Mais moi je ne suis pas là
Mon regard ne sait se détacher
Des mains divines d'Ismène
Mes yeux restent attachés
À ces menottes câlines
Aux doigts exquis d'Ismène


Ils sont à nos portes pourtant
Portant la mort emportant la vie
Ces voleurs volants tuent et pillent
Dévalisent les filles
Violent nos pies

Deux poulets palmés m'épient me dépouillent
Me déplument me déshabillent
Un caneton puéril tant qu'habile
M'épile
M’agrafe sur le grill

Fichtre
Ce minus me tringle d'une fine fiche de fer
Qui m'enfile de la nuque à l'anus
Fumé tel un jambon
Du crâne à l'humérus
Consumé tel un cigare
Sur les bords d'un trottoir
Sans bière
Sans sarcophage

Je suis grillé ma peau grésille
Mes os s'éparpillent
Ultime rictus de ma chère chair
Qui fait bonne chère
Sur le plat de plumeux crésus
Quels plumeaux ces oiseaux !
Fiers comme des Bacchus

Mais où est mon beau lotus
Ma douce Vénus ?
Mon dernier regard sera pour elle !

Oh misère ! Oh faussaire
Ma maîtresse traîtresse
Que voici déesse de volière

Sous l'aile de la sarcelle
Traîne mon Ismène souveraine
Oiselle devenue reine
Une oie blanche toute en traîne

Pour elle coups de canon
Hymne et ovation

Pour moi pauvre dindon
Poubelle et vieux bidon

Mais je n'ai pas de haine


Inutile de prendre la mouche
Comme on fait son lit on se couche
On a le plumard que l'on mérite
J'eus du prendre la fuite

Il faut souvent veiller à son bonheur
Ne pas avoir les yeux ailleurs

La messe est dite
Demain
Ismène va descendre du trône
Applaudie par sa faune

Sur ma tombe de rien
Sans remords et sans peur
La voila qui s'amène
Couvrir mes cendre de cyclamens

Alléluia et amen
J'ai ces fleurs en horreur !

Ismène
Définitivement
Je t'aime




La salade était un peu trop piquante
ces derniers temps, non ?
Hummm … C'est certainement
une recette afghane!


Texte et illustrations: Jacques Goffin

In "Du fond de l'amphore", PDF 2-23,2017

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