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Le carrefour des destins


Aucune souffrance n’est plus sacrée
que celle qui par pudeur
n’ose se manifester
S.Zweig




Le ciel était si bas

Malgré le vent
Tout semblait
Étouffant

Ce hurlement de loup
M'a réveillé
En sueur
Et glacé d'effroi

Je sentais naître
Leur peur

Si tu veux connaître
La noirceur du monde

Embrasse un artiste

Un accordéon lancinant
sur un banc

Triste

Dessinant la flânerie
D'une harmonie

Dansant de leurs mains
Frèle jonglerie

Au lointain de l’étang
jaillissant du sang
De leur jardin

Un rêve qui s'éteint ...


je les ai vus décharnés
sacrifiés

Je les ai sus massacrés
sanctifiés

Sans avoir pu
Les aider
Comme toi

Cette croix
Sans foi
...
Toi
Pauvre toi

Hors la loi
Mené à la soumission

Sans rançon
Sans pardon

C'est ainsi
Une vie
Sans répit
Sans sursis

Un jour ils brûleront
Sur le même autel

Dans les bordels
Ils chanteront
Baudelaire
Sur l'ambon
De la mer

Sous les rochers amers
Main dans la main
Ils écouteront ses vers
Sortant du bandonéon

Entrant dans l'abandon
De leurs chairs

Tout en souriant
Au levain
Du lendemain

Tout en pleurant
Aux racines de l' étant

Comme l'encens
Il partira en fumée

Comme l'épée nervine
Elle retourneras
Divine
Embrasser son enfant

Comme toute maman

Cette saison
Passion
Sans raison

Sera
Leur éternelle
Chanson





Texte et illustrations :Jacques Goffin

In "Du fond de l'amphore", PDF 7-27, 2020

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