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Un petit sapin
qui fait son malin

« Les arbres c'est mon métier » dit le bûcheron
« CET arbre » dit l'oiseau « c'est ma maison »
« La forêt » clame l'écolo « toute ma passion »
Et le photographe de sonner comme un clairon
« Un sapin divin quelle émotion... l'inspiration »

En conclusion
Le moineau prit la tronçonneuse
Le forestier cachait une épée
Le naturaliste sortit une sulfateuse
Et l'artiste aimait les flèches empoisonnées

Ils se sont battus toute une nuit
Le conifère les regardait sans un bruit
Ils se sont entre-tués en un jour
À leurs cris le sapin restait sourd

Depuis ce déplorable combat
Il resta planté là à penser tout bas
« C'était amusant cette petite nouba !
Je suis adepte d'assassinats

Et si j’aperçois
Des sorcières en plein sabbat
Des amants dans leurs ébats
D'un coup de branche et sans fracas
Je les abats »

L'hiver arriva
Sous la neige et le vent
Tout engourdi de froid
Juste à l'heure du levant
Il les vit se pointer tous les trois

À la hache ils le cognent
Gelé et ne sachant bouger
Sous cette basse besogne
Il est tombé
Sans pouvoir broncher

Le lendemain il fut acheté
Au magasin de ses cruels bouchers
Bardé de torsades et de boules
Le voici au centre de la demeure

Subissant les rires les quolibets de la foule
Déjà il perd ses aiguilles et suinte sa résine
Il souffre et bientôt meurt
Au son des danses et des comptines enfantines

Une triste fin
Un soir de Noël
Pour ce si jeune sapin
Qui se voyait grand criminel
Texte et Illustration : Jacques Goffin

In "Du fond de l'amphore", PDF 1-43, 2016

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