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La Balade
L'amour est un acte simple et primitif.
C'est la lutte, c'est la haine.
La violence y est nécessaire.
L'amour par consentement mutuel
n'est qu'une fastidieuse corvée.

Anatole France

à A.



Cela faisait quelques semaines que je n'avais vu Amuk ; après la dernière soirée au bistrot de Germain - veillée qui resterait dans les annales de l'auberge tant la curieuse fable fantasque de notre conteur hebdomadaire nous avait médusés – Amuk était parti sans autres commentaires, et cela faisait maintenant plus d'un mois que nous n'avions de ses nouvelles.

Il vivait seul ! En conséquence, sans prévenir, il lui arrivait de quitter sa tanière pour quelques voyages vers d'autres terres : je savais son goût pour l'art contemporain, et plus particulièrement, il suivait les créateurs de l'Arte Povera ou encore du land art. A cette saison, avant la période de chasse, il aimait à se rendre dans les environs de Saint-Mihiel, parcourir de nouveaux itinéraires lui permettant d'admirer les œuvres récentes du « Vent des forêts ».

Il m'avait souvent parlé de cette ville de Lorraine, en bord de Meuse. Notre ami n'avait rien d'un urbain, mais la dimension réduite de cette cité ne l'effrayait pas, au contraire, il aimait s'y promener, se rendre le long du fleuve, admirer la majesté des « Dames de Meuse » ou encore visiter pour la énième fois, l'église Saint-Étienne, écrin d'une œuvre magistrale de Ligier Richier, « La mise au tombeau ». Il disait aussi que la bibliothèque bénédictine méritait le détour, et que, l'architecture de plusieurs édifices, tant religieux que civils, étaient dignes d'un regard attentif. En outre, le bar de son hôtel, une ancienne gare, avait la bonne idée de proposer de l'Orval, bière trappiste qui souvent, pour leur plus grand plaisir, avait imbibé copieusement les papilles d'Amuk. Je supposais donc qu'un habituel pèlerinage dans ce célèbre saillant de la Première guerre mondiale, justifiait pleinement sa longue absence. Je ne m' en inquiétais guère 

Une après midi, alors que je déambulais entre les échoppes d'un « marché fermier », je viens à croiser Diane. Suite à l'échange des deux baisers traditionnels sur les joues, à quelques propos sur la météo et la santé, je lui demandai, si par hasard, elle avait des informations sur l'interminable disparition de notre ami commun. Pour toute réponse, le regard mauvais, elle me fit un geste disgracieux mais très porteur de sens ; dans les dix secondes qui suivirent, je ne vis plus que ses talons - qu'elle avait charmants au demeurant. Je ne pus que soupçonner l'installation d'une petite incompatibilité d'humeur entre ces deux caractères entiers.

L'attitude de la jeune dame était en somme assez risible, mais cependant elle ne m'avait pas plu : cette dispute entre deux êtres ordinairement très liés était-elle en relation avec l'absence prolongée d'Amuk ? Je sentais que l'idée éveillait en moi une sorte d'inquiète curiosité. Je savais l'esprit d'Amuk très indépendant, et me doutais qu'une contrariété d'ordre mineur ne pouvait le déstabiliser ; mais c'était mon ami, et je tenais à connaître les tenants et aboutissants de cette affaire.

Amuk m'avait déjà, à plusieurs reprises, suggéré de passer le voir en sa « tanière » située dans un petit village des Ardennes françaises, bourg tranquille si ce n'est morose, bercé par le chant des oiseaux et le meuglement des bovins. Un village où, selon les dires d'Amuk, « il ne se passait rien … mais alors ça, jamais rien »

L'occasion d'une visite m'était donnée par cette bizarre appréhension, même si mon expédition ne se présentait pas sous les meilleurs auspices, ni sur la certitude de retrouver ce complice de bambochade. Les deux ponts voisins étant traversés, du carrefour en bas de la rue, je vis sa vieille guimbarde devant la porte de ce qui devait être sa fameuse tanière : maison raisonnable, en pierre du pays, les fenêtres ornées de volets blancs. Les environs de la bâtisse manquaient certes d'un véritable entretien, mais son apparence n'avait rien du taudis ou du gourbi. Ayant garé ma propre voiture derrière l’antique R4. J'entrai dans la demeure, car il m'avait bien précisé qu'il était inutile de frapper, l'huis étant toujours ouverte. Quelques appels restèrent sans réponse, si ce n'est celle d'un chat qui vint se frotter au bas de mon pantalon. Des pièces défraîchies, propres et ordonnées; un mobilier rudimentaire, sans style, criant de ruralité, des piles de livres et CD partout ; la présence d'un nombre important de photos qui m'étonnèrent passablement.

Un peu déçu de ne pas le voir chez lui, je suis parti à sa recherche dans ce village, effectivement, peu étendu. Étant passé, sans grande conviction, par l'église et le cimetière où repose l'un de ses amis, c'est finalement près du canal que je vis ce camarade, assis, le regard perdu dans les flots. Sans le connaître, à le voir près des eaux, à son allure flasque, rompue, un quidam pouvait croire cet individu gorgé d'intentions suicidaires. Ce ne pouvait être le cas, cependant cette attitude que je ne lui connaissais pas trahissait une grande tristesse.

M'ayant rejoint sur la rive, il se tourne vers moi sans un mot, m'adressant un sourire éploré à faire se noyer un équipage de vieux loups de mer.

Après quelques pas faits côte à côte, je m'aventure à rompre ce déplaisant mutisme :
...
« Tu t'es accroché avec Diane ? »

À nouveau ce sourire désarmant accompagné d'un haussement d'épaules

« Oui mais non ! … Cela n'est pas bien grave ! Dans deux trois jours, il n'y paraîtra plus ! … On se querelle très régulièrement, bêtement, pour mieux se retrouver ! C'est une maîtresse femme ; elle reste une épouse, ce n'est pas précisément une amante, si on batifole de temps à autre c'est surtout pour asticoter Théo ; Mais elle est une véritable amie ! C'est une vraie dame, tu sais… Derrière ses airs bourrus, son accent à couper au couteau, son vocabulaire on ne peut plus familier, se cache une femme éveillée, dotée de sentiments élevés, courageuse, altruiste, instruite de bien des choses qui nous sont inaccessibles. Au-delà de sa fraîcheur naturelle, son intelligence et sa prévoyance la rendent prodigieusement séduisante. Nos bisbilles ne sont jamais très longues.

« tu as des revers financiers ? »
« Oh que non ! Je ne suis pas riche, mais je vis de peu » 

«La santé ? »  
« Depuis une semaine, je suis plus approchant du saule pleureur que du charme, mais globalement, outre cette noire déprime, ça va ! »

« Des problèmes avec des proches ? »
« Non, pas vraiment. »

Mais Amuk, qu'est ce qui t'arrive ? Toi, d'ordinaire si jovial !

Levant ses yeux gris, délavés , il dit simplement :

Ils ont coupé notre arbre !


Viens, n'y pensons plus , allons prendre un verre à la maison

*

Comme il devait en avoir l'habitude, c'est dans la cuisine qu'il recevait ses connaissances. Assis sur de robustes chaises de ferme en hêtre, sur une ancestrale table rustique couverte d'une nappe cirée en vichy rouge, il servit à tous deux un ballon d'un adorable liquide à la robe rubis ; les arômes de ce rouge de pays emplissant les narines tant de parfums de cerises que de senteurs épicées : une boisson qui en d'autres circonstances m'eut pleinement réjoui ; ni trop corsée, ni trop capiteuse … légère, gouleyante à souhait… peut-être un peu pointue !.
Retrouvailles taciturnes cependant, l'ambiance restait affligeante.
….
Malgré cette pause interminable, je savais que cet insatiable narrateur n'en resterait pas là ; qu'il ne saurait s'abstenir de compléter cette histoire d’arbre effondré, que la mortelle suspension de parole depuis notre entrée dans la maison devait obligatoirement précéder une explication abondante, absorbante et détaillée… Le vin aidant, il fallait que le désarroi s’extériorise !

Oui, ces barbares l'ont abattu ! Malade paraît-il, envahi par le puceron et l’araignée rouge. Suivant leurs dires, impossible de le traiter écologiquement ou chimiquement. Il était trop loin ! Sans aucune hésitation, ils l'ont étendu la semaine dernière. sur l'ordre combiné de cet imbécile de vicaire « à la jambe de bois » et du mari de Diane ...Ce qui ne fut pas sans attiser notre différend !

Un tilleul magnifique ! Un feuillage touffu, d'un vert éclatant !...Il se dressait juste derrière la belle petite église de Mymal … sur un espace herbeux, en son centre, cet arbre avait un air souverain. Sur sa droite, peu éloigné, un chêne lui aussi notable. Mais ce tilleul, quelle stature ! Quelle magnificence ! Quelle générosité !
Tu sais mon bon Jacques, le tilleul, c'est l'arbre des villages par excellence. Il présente tant de qualités et le voir trôner au cœur d'une bourgade n'a rien d'étonnant. J'en connais plusieurs qui sont en place depuis des siècles.
C'est un très bel arbre, le plus souvent avec un large tronc bien droit, une chevelure abondante, volumineuse, protectrice. L'été, il donne de l'ombre en suffisance pour abriter plusieurs personnes ; parfois, dans les pays du nord, le fût supportait quelque passerelle où les jeunes se plaisaient à danser.l C'est sous sa large canopée qu'autrefois on rendait la justice, où l'on prenait les décisions importantes relatives à la communauté des habitants. On dit aussi que, par les nuits de pleine lune, les sorcières y tenaient sabbat et que pour les éloigner de l'arbre sataniquement vénéré, les religieux et autres paroissiens culs-bénits suspendaient aux branches des images pieuses.

Interrompant le récit, pour la première fois, le visage de mon ami me parut plus détendu, plus rieur:
Vendredi passé, alors que je lui contais cette anecdote, Diane m'a aussitôt affirmé « Encore une superstition à la con …. mais je n'y suis pour rien ! Je n'y puis rien si c'est pour cela que le cureton et mon nigaud de Théophile se sont entendus pour faire abattre ton foutu machin ; ils pourraient tout aussi bien vouloir faire brûler nos charmantes dernières sorcières… A commencer par moi !  ». Comme je lui faisais remarquer ironiquement que depuis la fin du 17eme on avait supprimé les procès en sorcellerie et les bûchers punitifs. Elle m'a tiré la langue, m'a traité « d'inculte narquois et balourd», m'apprit que la dernière pauvre matrone accusée de sorcellerie fut brûlée en Auvergne en... 1886 , ajoutant « Si on les laisse faire, les calotins crétins, les sottes bigotes et les bondieusards ignares pourraient facilement récidiver ! Les exemples de fanatisme religieux ne manquent pas. Ces monstres sont aussi peu civilisés qu'Amuk, l'âne bâté ! Un jour je lui en apprendrai !»... Hé, Hé, … Belle tirade avant de sortir en claquant vivement la porte !

Sur cette brève entracte plaisante, moins anxieux, Amuk reprit un air mi-sérieux, mi-désabusé et continua son apologie du « dieu vert » aujourd'hui déchu  
Depuis la plus haute antiquité, on en connaît les vertus thérapeutiques et calmantes ! « C'est comme le cochon ! Dans le tilleul tout est bon ! » dixit ma sorcière préférée, un puits expert dans la science des simples ! Suivant Diane, les feuilles, les bourgeons, les fruits, la sève, l'aubier, l'écorce, on peut tout utiliser …. en décoction, infusion, tisane, voire en bain. On peut même s'en nourrir !
La tradition dit aussi, que c'est l’arbre de l'amour … plus particulièrement de l'amour conjugal et de la fidélité. probablement à cause de la forme de ses feuilles, qui ressemble à un cœur, Et puis, il y a cet antique mythe phrygien que nous présente Ovide dans les Métamorphoses , et qui, à travers les âges a inspiré plus d'un artistes, peintres, musiciens, et surtout écrivains, à commencer par Jean de La fontaine, qui n'était pas à un emprunt plagiaire prés, mais également Swift, Goethe, ou Ernst Jûnger dans la dernière partie d'un traité philosophique relativement ardu : « Des nombres et des dieux »
et malgré tout ceci, aujourd'hui, voilà que ces barbares, ces innocents, ont coupé notre arbre … Qu’ils soient maudits.

Pourquoi dis-tu « notre » arbre ?

Et bien parce que c'était notre arbre... à mon épouse et moi

C'est ainsi que j'appris qu’Amuk était marié ! Enfin ! Après ce long préambule, probablement destiné à taire ou préserver l'essentiel, nous entrions dans le vif du sujet ! Et je commençais à comprendre la profusion des clichés de famille accrochés aux murs des différentes pièces de sa demeure. Devant mon étonnement, il ne put que m'expliquer

Et oui, mon bon Jacques, je suis marié … depuis près de 40 ans. Nous avons eu des enfants, quatre filles, qui elles-mêmes ont trouvé époux et ont des enfants. Le plus souvent, un mariage bien équilibré : moitié elle, moitié moi, chacun de notre coté !!! Ce n'est pas totalement faux, ni complètement vrai … Nous nous sommes souvent aimés, parfois détestés… Nous avions le même humour, cela aide à se soutenir plus qu'à simplement se supporter ; nous avons traversé beaucoup d'épreuves très dures et sans notre complicité d'humeur, de dérision voire de cynisme face aux obstacles, nous n'aurions pu assumer notre couple. Actuellement la route qui se dessine est à deux voies, cette ligne à deux termes, ultime pour l’un de nous, puis pour l'autre et on a beau regarder dans la même direction, cette fin de voyage, nous ne la chérirons pas ensemble… n'en déplaise à l'aviateur !.

Sans doute ! mais cela n'explique pas en quoi ce tilleul était « votre » arbre !
J'allais trop loin… Amuk me parut deux ou trois secondes sur le qui-vive, hésitant, puis il enchaîna :

Cette maison, je la tiens de mes parents ! Depuis l'enfance, j'y viens régulièrement. Dès l'adolescence, j'ai pris l'habitude d'y venir seul quelques jours, afin de réfléchir, de laisser libre train à mes instincts créatifs, de m'y ressourcer, ou de préparer mes cours. Parfois nous y venions en famille… De beaux souvenirs !
J'y vis d'ordinaire aujourd'hui ! les enfants ayant quitté notre ancien foyer familial, mon épouse étant partie vivre ailleurs, ne supportant pas de rester seul dans une demeure trop grande, affectivement très chargée, j'ai préféré me retirer au sein de cet ermitage, ma tanière.
Il y a plusieurs années, un week-end, alors que j'étais, un peu égoïstement, parti me reposer dans cet endroit, mon épouse était venue m'y retrouver. Nous avions toujours les enfants à la maison à cette époque, mais chacune avait une occupation qui laissait à ma compagne la possibilité de me rejoindre. Les filles étant à l'âge d'une certaine indépendance, il arrivait de plus en plus fréquemment que nous permettions les sorties à deux, composées de visites d'expositions ou musées, de rencontre d'amis, d'une soirée au restaurant, plus rarement d'un spectacle… comme la majorité des époux de notre société, j'imagine. Nous n'avons pas suffisamment voyagé ensemble dans d'autres pays, et je le regrette. Lorsque que nous nous retrouvions à la tanière, habituellement c'était pour nous promener dans les bois environnants . Tout deux nous aimions marcher, et ces promenades forestières nous faisaient le plus grand bien.
Mais pour une fois, nous avions opté pour une balade à vélo. Personnellement j'étais surtout marcheur ; plus jeune, elle avait pris l'habitude de se rendre à bicyclette à son travail, emmenant l'un des enfants dans un siège en osier attaché à l'arrière de l'engin.
Elle voulait rendre un nouvel hommage à cette petite reine qui lui avait tant été utile durant les premières années de notre union. Décemment, je ne pouvais, ni n'en avais l'envie, de la priver de cette joie. Il faisait beau, ni trop frisquet, ni trop chaud, ni humide, le vent étant doux et accommodant. Nous avons enfourchés nos machines respectives et, nous nous sommes mis à rouler, nous dépassant, faisant la course, rivaux et complices, criant et riant comme deux enfants. Elle se montrait bien plus habile, plus immédiate, plus débridée, plus passionnée que moi. Elle m 'apprit beaucoup ce jour là.

Après quelques bornes, nous nous sommes arrêtés, légèrement essoufflés et, afin de nous reposer avant de reprendre la route, nous nous sommes assis, heureux, entre éveil et somnolence, adossés au tronc de ce tilleul. Nous avons eu difficile de reprendre notre promenade, devenue plus paisible.

J'ai souvent repensé à cette balade, à cet instant de repos, simplement appuyés l'un contre l'autre, sous l'ombrage du grand arbre.
Tout arbre est un symbole de vie  commune! De la destinée humaine, de solitude, d'alliance, de rupture  : ces racines différentes qui se rejoignent dans un même tronc, pour enfin éclater en de multiples branches, c'est l'image même du chemin emprunté par la plupart d'entre nous.

Pour ma femme et moi, Le temps s'est arrêté durant cette petite demi-heure d'extase ; nous étions là ensemble, nous deux, dans le giron d'une nature silencieuse, reposante, maternelle, et je crois que, malgré nos désirs, nos plaisirs, nos ébats sensuels, émotionnels, affectionnés, malgré notre émerveillement commun à l'arrivée des quatre bonheurs de notre existence, malgré nos combats soudés contre les injustices, les difficultés matérielles, les accrocs de santé, les cas de conscience, les multiples adversités quotidiennes, les querelles, les erreurs de l'un et de l'autre, malgré les terribles séparations et les torrides réconciliations, malgré tout cela, c'est sous ce tilleul que nous avons connu notre plus beau moment d'amour.
voila pourquoi c'est notre arbre !
Enfin c'était !
….
Et, si ce n'est indiscret, ta femme qu'est-elle devenue ?

Non, cela n'a rien de mystérieux ! Elle vit dans un petit appartement « résidence service » accolé à une maison de repos, où ma fille aînée travaille.
Nous avons traversé des périodes terribles, elle reste marquée par plusieurs handicaps: épilepsie, hémiplégie, aphasie, agueusie … Pour elle comme pour moi la vie commune devenait insupportable. Son courage est extraordinaire ; j'ai de l'admiration pour cela ; même si notre relation s'est érodée, elle est toujours là. Je suis de retour depuis six jours passés chez nos enfants et chez elle. Je lui rends très souvent visite, je suis en contact avec elle quotidiennement. Elle reste souriante, consciente de toute conversation, sans pouvoir s'exprimer. Sans sa grande générosité, elle n'aurait pu survivre à toutes ces difficultés.
Elle ne vit que pour donner, pour tout donner, son esprit, ses biens, son corps … pour donner .. parfois un peu trop. Et aujourd'hui encore, malgré la maladie, elle donne toujours …. exclusivement à ses petits-enfants. Mais de cet amour, j'ose espérer qu'elle en gardé beaucoup pour nos filles et un peu pour moi. Voilà, tu sais tout de moi maintenant, mon bon Jacques…. Une longue et sincère confession
...
Depuis samedi dernier, j'ai déjà expié tous mes crimes passés et à venir. Pour seule pénitence, il m' a suffit de poser les yeux sur le cadavre feuillu…
Par contre, moi, je n'accorderai aucun pardon aux assassins. Ils se sont montrés sacrilège envers Zeus et Hermès ; que ces dieux les envoient au plus profond du tartare, qu'en son château, Hadès les torture pour le reste de l'éternité .
En outre, ces crapules sont sans conséquence ! Pourquoi ne pas abattre également le chêne ?
Que peut faire Philémon sans Baucis ?
….
Mais va sans crainte, mon bon Jacques, je survivrai.

J'ai compris qu'il n'en dirais pas plus ; sur cette note d'humour faussement outragé et vengeur, après un dernier canon, le voyant plus serein, libéré, j'ai pris congé.
La voiture descendait la rue ; tout à mes réflexions, j'ai croisé Diane montant vers la tanière… Et j'ai souri !

Omicourt, le 08 octobre 2016






Texte: Jacques Goffin
Photos : Hugues Van Rymenam

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